Un jour je passe près d’une poubelle.
Pleine d’esquisses de corps sculptés.
– C’est la fin du stage de terre glaise. Je me débarrasse de tous les essais non valables de mes apprentis-artistes, me dit une dame au regard noir anthracite.
Ils ont mal évalué la proportion de matière pour le corps à représenter : voilà des formes trop pleines pour un torse, trop de terre pour la tête, des pieds mal dégrossis. Ces êtres-là ne sont pas vivants. Ce n’est pas la terre porteuse de vie, re-présentant des humains.
Trop d’humus et pas assez d’humain. Je ressens une gêne. Ils ne sont pas achevés. Comme nous.
– Vous pouvez vous servir, si vous voulez !
Je ramène chez moi deux petites statues qui ne sont pas bien façonnées. C’est un homme et une femme agenouillés. Par terre.
C’est toi et moi en cours d’ achèvement. Toujours à remodeler.
Sous tes doigts agiles et intuitifs j’y arrive parfois.
Parfaitement.