Mon plus étonnant professeur de linguistique
( René Jongen , a wonderful « boy »… you can imagine with such a name ! )
m’ a avoué un jour que son intérêt pour le langage
lui provenait, à son avis,
du fait qu’il … provenait d’un famille nombreuse
d’ enfants réduits au silence, à table, notamment,
lorsque le père, agriculteur,
présidant la table où la mère, soumise, silencieuse,
réduite presque au rôle de bonne-à-tout-faire,
faisait régner cette suprême exigence :
se taire à table , ne pas émettre le moindre son vocal
sous quelque motif que ce soit.
Très rarement, très, très rarement, il arrivait …
une ou deux fois ( par an ? … bon je sais pas , j’ imagine,
allez, Monsieur Jongen ne me l’ a pas dit, bien sûr )
que le papa adressât ( un p’tit subjonctif imparfait,
allez, c’ est un peu comme un Chocotoff qu’on s’ offre
par pure gourmandise )
un …
ou deux …
mots
à la maman …
d’un bout à l’ autre de la table.
Et lui, René, le petit garçon, ne pouvait qu’ admirer,
en les voyant passer devant ses yeux …
des espèces d’ objets volants non identifiés …
qui devaient être … des … mots.
Le petit garçon, devenu grand, continua de s’appeler Jongen,
mais décida d’ étudier la « linguistique »
et de passer son temps à éplucher les « mots »
un peu comme un chirurgien se doit de disséquer des cadavres.
( bon, j’ arrête là, comparer des mots et des cadavres …
bof … il y a de la marge … )
Mais là où il y a une marge …
il y a une page …
remplie
de mots,
quand le poulbot
fait son boulot
d’ écrire
sa rédaction
pour dire
ce qu’il lui plaît
de son vécu.
De sons vécus.
En silence.