Le père S.

Il était assez âgé, on le disait homme « d’expérience »
– mais « d’expérience » de quoi ?
Plus tard, on apprit qu’il était, en plus d’être
« Père spirituel » au collège,
confesseur des filles du pensionnat d’à-côté.

Dès qu’on avait atteint l’âge de 12 ans,
il avait pour mission de nous instruire sur « le secret de la Vie ».
J’ai encore souvenir de la tête que tirait mon ami Pierre
-un peu plus âgé que moi-
lorsque, quelques mois auparavant, revenant d’avoir été chez le père S.,
et se rasseyant près de moi, sur notre banc, à l’étude,
après avoir eu LA révélation …
Je l’avais retrouvé les yeux brillants de malice,
le sourire entendu, tout haletant, me chuchotant vite ces mots à l’oreille :
-Eh bien … tu verras, quand tu auras 12 ans,
il te le dira aussi « le secret de la Vie » !

Enfin vint le jour, eh bien …
où c’était MON tour.

Je me rendis dans le bureau du père S., un peu tremblant …
J’étais à peine entré qu’il m’annonça, tout de go :
– Tu vois … ce que tu tiens entre les doigts quand tu fais pipi …
c’est avec ça qu’on fait les enfants ! Retourne à l’étude!
– Merci, mon père. Mais euh … je me suis un peu documenté sur la chose,
enfin, sur les choses de la Vie … Vous ne pourriez pas aussi m’expliquer
ce que c’est que les « menstrues » ?
D’un ton cassant, il répliqua :
– Pas besoin de savoir cela quand on a 12 ans!
Tu verras … quand tu seras marié !
Et à présent, file à l’étude!

J’ai attendu … un certain temps.
Eh bien, eh bien … cela valait le coup d’attendre!

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Padre Marcel

Pigalle – Noël 1943

Sa « maison de Dieu » à lui, c’est un hôtel de charme, à Pigalle,
avec des filles qu’il côtoie, qu’il tutoie.
Juste comme ça.
Il leur demande d’écouter les soupirs des officiers allemands,
lorsque, entre deux grognements, entre deux halètements, voire deux râles d’extase,
ils laissent échapper des bribes … de renseignements,
des informations, pouvant être utiles … en haut lieu.

Puis Marcel les fait suivre « to whom it may concern » … à qui de droit,
en haut lieu.
Par après, ces messages aboutissent jusqu’au chef des opérations de la RAF,
et puis … jusqu’au « Royaume des cieux », où évoluent les pilotes-bombardiers de nuit,
qui savent désormais EXACTEMENT où ils doivent larguer leurs bombes.
Tudieu!

Padre Marcel respirait la bonté.
On aurait dit Brassens, mais avec une double casquette :
ami des « filles de joie » ( quelle expression !) et aumônier à la force aérienne.
Il n’avait pas l’air effarouché lorsqu’il devait côtoyer des femmes de pilotes,
e.a. lors de certaines réceptions d’anciens de la RAF.

J’ai comme l’impression que son air de « bon garçon »
lui venait des « épreuves » qu’il avait dû endurer à Pigalle …
« A la guerre comme à la guerre », comme on dit …

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N B mon texte de ce jour se … base sur la vie de cet homme, présenté comme suit,
dans un entrefilet trouvé sur Internet, relatif à la création de la base de Florennes :

En novembre 1947, émergeant de la grisaille de novembre,
apparaît un personnage qui allait profondément marquer la vie de la base :
le « Padre » Marcel Paternotte.
Homme d’une grande humanité, proche des gens quelles que soient leurs convictions,
il s’avéra rapidement le conseiller, le psychologue, l’ami de tous,
et sa mémoire est vénérée non seulement des militaires,
mais aussi des Florennois qui l’ont connu.

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Désiré

C’était le prénom de notre Curé.

C’est dans les travées de « SON » église que j’ai appris, très tôt, à marcher.
Entre les rangées de chaises bien agencées, qui m’aidaient à progresser…
tandis que tout là-haut, dans le jubé,
papa répétait la partition qu’il avait choisi d’interpréter ce soir-là.

Cette fugue, marquée au crayon, dans la marge « Noël 1958 »,
je ne l’ai entendue, intégralement, que 2 fois durant toute ma vie…jusqu’à présent.

A l’église, durant la Messe de Minuit à la Noël 1958.
Et « par hasard » à la radio, sur Musique 3, en revenant en voiture
de l’hôpital où il allait expirer, quelques heures plus tard.

J’aimerais bien retrouver son portfolio de partitions,
je continue à chercher,
et je finirai par le retrouver, car je l’ai tant désiré.

« Désiré », c’est aussi notre 3e prénom,
à papa et à moi.

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Fernand

L’organiste répète les chants de la Messe de Noël.
Dans SA maison.
Non seulement il joue la mélodie au clavier, mais en même temps,
il se chauffe la voix, en chantant bien haut, bien fort,
chaque chant de Noël.
Dans SA maison.

Et là, Fernand, excédé, plein de dédain pour son gendre, ce Jean chantant Dieu,
dit en riant,
en riant très fort, mais vraiment très, très fort:
-Il ne sait même pas jouer « Embrasse-moi, Ninette! »

Jean qui rit.
Pour ne pas pleurer.
Moi, je sais quand il rit pour de vrai,
et quand il rit pour ne pas pleurer.
Oui, moi je le sais.
Car je suis le fils de l’organiste, surnommé « Jean-du-Curé ».

Comme je suis encore trop petit pour l’accompagner au jubé
cette année, en cette fête de Noël,
Jean-du-Curé se lève,
cesse de mâchonner son mégot,
et, en souriant, il part tout seul à l’église,
pour enchanter la Messe de Minuit.

Dans LA maison de Dieu d’ici.

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Thérèse

Elle disait souvent, elle qui avait élevé 7 enfants :
-En tout cas, si un jour on me demande d’être jurée
dans un jury d’assises qui doit juger une femme
qui a jeté son enfant par la fenêtre,
moi, je l’acquitte tout de suite!

Cela en disait long sur tous les tourments
qu’elle avait endurés
grâce à …ou…
à cause de ses enfants.

Mais Thérèse, au milieu de sa ribambelle d’enfants …
ne pensait jamais à se plaindre :
-Je n’ai jamais APPRIS à me plaindre,
m’a-t-elle encore confié récemment.

En anglais il y a une expression qui dit un peu pareil :
Never complain, never explain.

Décidément, être maman dans le temps
ne rendait guère causant…

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Avec AL 1

Je lui dis:
-Les riches ont de l’argent, et n’en ont pas besoin.
Les pauvres en ont besoin, et ils n’en ont point.
C’est con, hein, AL 1 ?
-Oui. Mais c’est comme ça.

Si c’est mon banquier qui le dit…

Heureusement, il y en a qui font mentir cette logique séculaire,
voire millénaire.
Et j’en connais, Dieu merci, plus d’ 1 …
Ce chiffre est bien pratique…
car on ne sait pas le sexe de la personne concernée,
c’est une forme ‘bissexuelle’.

On ne sait pas si on pense
à 1 prince ou à 1 princesse, par exemple…
ça, par exemple!

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Le soir venu…

Le soir venu,
allongé sous mon velux, je regarde la nuit.
Et je regarde le ciel.
« Il vous faut regarder les réalités d’en haut! »

Et c’est ce que je fais, d’en bas.

Et je ne vois que le ciel.
Dès fois, j’attends l’aurore,
pour voir le ciel renaître.
Car comme chaque jour que Dieu fait,
chaque jour naît.

FIAT LUX

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Mozart

Il est dit qu’après avoir écouté du Mozart,
le SILENCE qui suit la musique de Mozart,
c’est encore du Mozart.

Franchement, je trouve qu’après avoir « fait l’amour »,
de quelque manière que ce soit,
le silence qui suit l’amour…
c’est ENCORE de l’amour.

En fait, l’amour, c’est bien plus que du Mozart,
CAR
quand c’est fini,
bien sûr qu’on goûte à l’infini…
mais on se sent surtout
CONSENSUELS.
Et on se sent…
pousser des ailes…

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David

En chemin vers l’estaminet « La Fleur en Papier Doré »,
je l’aperçois, en train de changer un sac poubelle de ‘Bruxelles Propreté’.
Un sac vert fluo.
Il est midi trente.

Il est habillé d’un ciré orange. Fluo.
Il est noir.
Mais il brille de belles couleurs éclatantes, ce samedi, à midi trente.
Je lui dis :
-Vous êtes un homme de couleurs, dans les rues de Bruxelles!
Jusqu’à quelle heure en avez-vous?
-J’ai commencé à 11 heures, et j’en ai jusque 20 heures.
A vider les poubelles de Bruxelles.
-Ben…à 20 heures…vous serez un homme de couleurs dans le noir!
Et il réplique:
-NON. Ce soir à 20 heures …je serai INVISIBLE!

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Le Père L.

Après l’avoir confessé, le Père L. demande à Francis :
-Tu n’as pas une soeur?
-Ben oui…
-Elle est plus âgée que toi?
-Ben oui…au moins 7 ou 8 ans…
-Ah! Tu ne pourrais pas me fournir une photo d’elle?

Et Francis, revenu à sa maison, dit à sa maman:
-Le Père L. voudrait avoir une photo de Caroline…
Et la maman de répliquer:
-Ah oui, ben…si le Père L. le demande…
Voici, je te charge de la lui donner.
En mains propres.

Par la suite, nul ne sait à quoi ces mains, faites pour prier,
furent utilisées devant la photo de Caroline.
Mais il y a fort à parier qu’elles mani-festèrent
ce qu’on veut dire avec l’expression
« avoir la main heureuse »…

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